Grâce à la Cité de la Voix, nous aurons la possibilité de mettre en scène, dans un écrin et des conditions de rêve, notre nouveau spectacle (qui trouvera son nom lors de cette résidence) qui est un nouveau challenge pour nous... En voici quelques lignes :

          

    "Dans une petite gare perdue, quatre individus se croisent. Ils ont chacun une raison d’être là, sur ce quai, en train d’attendre un train perpétuellement retardé qui ne viendra peut-être jamais. En fuite ou à l’aventure, ils n’ont apparemment rien en commun ; sauf peut-être ce moment suspendu qui va les réunir, petit à petit, le temps d’un carrefour dans des existences lancées à toute vitesse. Un peu cabossés par la vie, ces personnages se livrent en chansons, dessinant une sorte de tour de France imaginaire qui déploie tous les possibles chemins à venir, les blessures secrètes, les rêves inavoués. Et le quatuor vocal se fait alors la forme idéale d’une sorte de microsociété entrevue, une communauté des anonymes qui fait corps pour lutter contre la solitude et l’oubli. Peut-être qu’il n’y a qu’avec des étrangers qu’on peut être véritablement sincère… Ceux qu’on ne reverra jamais seront les confidents parfaits de ces vies banales et splendides, avant que les trajectoires ne filent à nouveau dans l’espace, comme des comètes. Il en restera quelques refrains qu’on pourra se fredonner à soi-même, en regardant par la vitre du train ; et c’est peut-être le plus important, ces chansons qui voyagent sur les routes de France, et tissent un fil secret entre tous ces « ratés du cœur ».

        Le programme musical, exclusivement francophone, mêle la chanson française actuelle et moins actuelle (Charles Trénet, Jacques Brel, Michel Legrand ou Anne Sylvestre aussi bien que Stromae, Angèle ou Orelsan), des chants traditionnels de diverses régions de France, du québécois, et même des tubes américains traduits en français. A travers ce tour d’une francophonie tantôt riante et tantôt sombre, aux reflets de luttes, l’ensemble A Bocca Chiusa offre un nouveau regard sur ce répertoire en faisant dialoguer les histoires, en creusant les échos, les liens, les réponses, les consolations d’une chanson à l’autre. Les personnages semblent puiser dans leur mémoire musicale collective pour pouvoir inventer leur propre narration.

Dans une forme entre spectacle et concert, nos quatre étrangers éprouvent la puissance des chansons : celle de rouvrir l’accès à la parole, à la force du collectif, et de reconquérir ensemble le droit au rêve."